Moulinot, une entreprise de valorisation des déchets alimentaires, sociale, solidaire et performante

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Moulinot, une entreprise de valorisation des déchets alimentaires, sociale, solidaire et performante

Moulinot

Chaque année, en France, ce sont plus de 10 millions de tonnes de déchets biodégradables, issus des épluchures et restes alimentaires, qui sont incinérés ou enfouis en décharge. Peu à peu, des solutions naissent dans les territoires, permettant notamment de répondre à la Réglementation qui évolue et vise la généralisation du tri des déchets alimentaires dès le 1er janvier 2024.

Issu d’une famille de restaurateurs et après avoir lui-même tenu plusieurs restaurants, Stéphan Martinez, aujourd’hui Fondateur et Président de Moulinot, s’est formé au compostage après avoir fait un double constat.

Tout d’abord, en l’absence de tri spécifique et d’une collecte sélective, les biodéchets des restaurants sont ramassés avec les ordures des ménages et, de fait, systématiquement incinérés ou enfouis. Deuxièmement, des apports organiques sont une solution pour faire face à l’appauvrissement des sols, permettant d’enrichir efficacement terres agricoles et jardins.

En 2007, après cette formation au compostage, il devient le premier restaurateur à valoriser les déchets organiques avec des vers de terre dans un mini composteur d’intérieur : la Moulibox. 5 ans plus tard, en 2012, son entreprise Moulinot voit le jour en Seine-Saint-Denis, alors que le contexte réglementaire évolue et impose progressivement aux restaurateurs de trier et de valoriser leurs biodéchets.

L’économie circulaire au cœur de la démarche

Moulinot se positionne comme un acteur du recyclage, en intervenant au dernier stade du processus, lorsque les produits alimentaires ont été consommés et jetés. Les déchets alimentaires sont collectés par l’entreprise, avant d’être transformés en biogaz, et en fertilisants organiques pour nourrir les sols agricoles. Ce travail favorise également le lien urbain-rural, puisque l’entreprise travaille étroitement avec des agriculteurs-méthaniseurs pour produire de l’énergie verte (biogaz) au plus proches, géographiquement, de ses clients.  Selon Stéphan Martinez, « Cette économie circulaire, c’est avant tout du bon sens. On est très contents d’ouvrir cette nouvelle relation entre l’agriculteur et le monde urbain, tout ça grâce à la restauration. Chacun y trouve du sens. ».

Ainsi, l’entreprise transforme les biodéchets en ressources, et favorise le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Au total, ce sont 40 000 tonnes de biodéchets qui sont traités chaque année et 5 millions d’euros de chiffre d’affaires générés. En 2022, le total des restes alimentaires valorisés s’élevait à 55 000 tonnes.

Une dimension sociale forte via la formation et l’insertion

Pour l’entreprise Moulinot, impact environnemental et impact social ne peuvent être dissociés. Aussi, au-delà de sa mission de collecte et de valorisation des déchets, l’entreprise est aujourd’hui organisme de formation et d’insertion et propose diverses formations aux métiers de collecteurs de biodéchets et d’éco-animateurs. L’entreprise, qui comptabilise aujourd’hui 95 salariés, compte parmi eux 8 salariés en insertion. Au total, ce sont 86 demandeurs d’emploi qui ont été formés jusqu’à aujourd’hui, dont 42 en 2021 et avec plus de 75% de sortie positive vers un CDD, un CDI ou une formation certifiante.

De fait, Moulinot a obtenu l’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) dès 2017, puisqu’elle a développé un projet économique au service d’un objectif social via l’insertion de personnes éloignées de l’emploi, la création de lien social et le développement territorial.

Pablo, ancien stagiaire Moulinot et aujourd’hui éco-animateur chez PikPik, témoigne : « Je suis devenu vraiment un éco-citoyen. Ça me plaît beaucoup d’être protagoniste d’un processus aussi important que la transition écologique ». Chaque année, ce sont une soixantaine de stagiaires qui sont accompagnés par l’entreprise.

Moulinot accompagne également les producteurs de déchets alimentaires. En effet, ses clients sont eux aussi formés au tri et à la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Une entreprise performante et innovante

Depuis 2012 (hors période covid), l’activité de Moulinot a doublé chaque année et continue aujourd’hui à embaucher, à développer sa flotte de camions fonctionnant au biogaz et à travailler avec toujours plus de partenaires.

Moulinot s’inscrit aussi dans une dynamique d’innovation à travers la création de sa plateforme de massification et de prétraitement des déchets alimentaires, située à Stains, en Seine-Saint-Denis. Cette plateforme, inaugurée en 2019, est le premier site français, à échelle industrielle, à remplir à la fois les fonctions de massification, de déconditionnement et d’hygiénisation de la matière organique. Ainsi, elle facilite un retour au sol de qualité et la production d’une soupe de biodéchets dont les éléments pathogènes ont été éliminés, un véritable point positif et rassurant sur l’aspect sanitaire.

Une entreprise prometteuse qui accompagne les territoires

Aujourd’hui, Moulinot compte parmi ses clients une grande diversité d’acteurs, de l’Elysée aux chaînes de restauration rapides, en passant par des hôtels 5 étoiles, des cantines scolaires ou encore des marchés alimentaires : un exemple de démarche écologique et de modèle vertueux de l’économie circulaire qui a vocation à se développer sur le territoire.

Début 2022, l’entreprise qui souhaite ouvrir 6 nouvelles usines d’ici à 2025, a réalisé une levée de fonds de 18 millions d’euros auprès de la Banque des Territoires, Bpifrance, Maif Impact, BNP Paribas Asset Management, France Active, des fonds à impact NovESS et Sycomore Impact Emploi. Cette levée de fonds devrait permettre à l’entreprise de développer la technologie et de multiplier son impact dans les territoires. 

En effet, Moulinot souhaite continuer à développer la création d’emplois porteurs de sens, avec un objectif de 500 salariés en 2028. L’entreprise a également pour ambition de collecter les déchets des particuliers, permettant ainsi de répondre à la loi de février 2020 contre le gaspillage et pour l’économie circulaire, qui stipule que tous les particuliers disposent d’une solution de tri à la source de leur biodéchets dès le 1er janvier 2024.

 

Retrouvez derrière ce lien un interview de Stephan Martinez, enregistré par Le Grand Rebond.