Face à l’augmentation du coût de la vie, l’alimentation est souvent l’un des premiers postes à être sacrifié, d’abord en termes de qualité, puis en termes de quantité. Aussi, la précarité alimentaire a fortement augmenté en France ces dernières années, alors que de moins en moins de nourriture invendue est donnée aux personnes en situation de précarité.

On estime qu’aujourd’hui, en France, plus de 17 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire. De plus, selon le baromètre 2022 de la pauvreté et de la précarité d’ISPSOS, les difficultés financières sont en forte hausse en France. Ainsi, ce sont 37% des répondants au sondage qui ont indiqué rencontrer des difficultés à consommer des fruits et légumes tous les jours (ils étaient 32% en 2021), et 29% à avoir des difficultés à se procurer une alimentation saine permettant de faire 3 repas par jour.

Des solutions simples et utiles pour aider ceux qui en ont besoin

En 2016, Michel Montagu, Jean-Claude Mizzi et Sibylle Azandossessy prennent conscience de l’ampleur du gaspillage alimentaire en apprenant qu’un tiers de la nourriture produite dans le monde n’est jamais consommée et qu’en France, 20 % du gaspillage est le fait des particuliers qui gèrent mal leurs réfrigérateurs ou leurs placards.

C’est ainsi qu’est née, dans un premier temps, l’idée de développer une application digitale, téléchargeable gratuitement sur smartphone, pour permettre aux citoyens solidaires d’offrir à leurs voisins des produits alimentaires non périmés et non entamés. 

Une action tournée vers la solidarité et l’efficacité

En s’appuyant sur des outils digitaux qui favorisent l’autonomie de toutes les parties prenantes, HopHopFood a pu se développer grâce à un réseau de bénévoles et de volontaires en service civique. Une salariée a rejoint l’équipe en mars 2020 lors de l’ouverture de l’application aux commerces. L’objectif est de limiter les coûts de structure pour aider ceux qui en ont besoin, et de garder une réelle agilité.

Un bureau est ouvert à Paris et accueille les partenaires de l’association ainsi que des team building mis en place pour sensibiliser des salariés d’entreprises aux problématiques du gaspillage et de la précarité. En effet, HopHopFood a également développé un volet sensibilisation.

Un modèle économique solide

Avec l’ouverture de l’application aux commerces, l’association HopHopFood a pu augmenter son impact social de façon significative en proposant tous les jours de plus en plus de produits frais et de qualité.
Elle a également trouvé un modèle économique pour financer son développement, en ayant de moins en moins recours à des subventions publiques ou privées. En effet, les commerces qui font des dons sur son application peuvent obtenir une réduction d’impôt sur les sociétés (IS) à hauteur de 60 % de leur valeur, au lieu de jeter leurs produits. De plus, ils signent une convention qui les engagent à reverser la moitié de cette réduction à l’association, ce qui permet notamment de couvrir les coûts de plateforme et le développement de la solidarité permise par le numérique. Ce don numéraire à HopHopFood est lui-aussi défiscalisable et permet une réduction d’IS de 60 % de sa valeur.

En prenant appui sur les dispositions législatives destinées à favoriser la lutte contre le gaspillage, HopHopFood propose aux commerces une solution constituant une alternative solidaire à celle proposée par certaines start-up. Les commerces qui rejoignent la communauté HopHopFood ont enfin une solution numérique alternative d’économie sociale et solidaire (ESS), pour lutter contre le gaspillage, aider des personnes en situation de précarité et valoriser financièrement leurs dons de façon plus intéressante.  Ces éléments expliquent le fait que cette proposition à la fois française, ESS/associative, solidaire et financièrement intéressante connaisse un tel succès.

Un impact social important

Avant la fin de l’année 2022, HopHopFood aura offert grâce à ses donateurs plus de 3,3 millions d’équivalents repas et aidé des milliers de personnes en difficulté à mieux manger.

Cet élan a été accompagné par des nombreux partenaires publics (Ademe, Région Ile-de-France) et privés (Fondation Afnic, Fondation Groupe Ratp, Fondation Carrefour, Fondation SNCF, Fondation Monoprix, Fonds Hottinguer…).

Il a été aussi porté par des ambassadeurs comme le chef étoilé Alan Geaam (lui-même en précarité alimentaire et sans abri en arrivant à Paris il y a 25 ans) et Guillaume Gomez, ancien chef des cuisines de l’Elysée et à présent Ambassadeur, représentant personnel du Président de la République pour l’alimentation et la gastronomie.

Des projets ambitieux

HopHopFood a de nombreux projets portés par une équipe très engagée.

C’est le cas notamment à Lyon où l’équipe locale autour d’Alain Frévol développe depuis le début 2022 un réseau de solidarité destiné à soutenir spécifiquement les étudiants en difficultés. D’une façon générale, le développement national d’HopHopFood (actuellement une dizaine d’antennes en France) va être accéléré afin d’offrir au plus grand nombre la possibilité de mieux manger et de lutter, partout où cela est possible, contre la précarité alimentaire.

Un autre projet, les « Produits et services suspendus » devrait très prochainement permettre aux clients de commerces partenaires d’offrir des produits ou des services à des personnes en situation de précarité au sein même des magasins où ils ont l’habitude de se rendre.

Retrouvez derrière ce lien un interview de Michel Montagu, enregistré par Le Grand Rebond.