Alors que notre société connaît de profondes transformations digitales, le stockage des données se heurte à des enjeux écologiques majeurs. Si le numérique représente déjà 5% de la consommation énergétique mondiale, ce chiffre pourrait atteindre 20% d’ici 2025 selon une étude du think tank The Shift Project.
Dans un récent rapport, l’Ademe mettait également en garde contre le « surdimensionnement de nombreux data centers », « remplis en moyenne à 30% mais calibrés pour une croissance constante » avec une consommation d’eau galopante. Plus que jamais, les entreprises spécialisées dans le stockage des données doivent s’orienter vers des solutions plus durables, moins énergivores. C’est dans cette démarche que s’inscrit Immersion4, qui repense le modèle des centres de données tout en développant un modèle d’affaires durable.
Le fonctionnement des centres de données traditionnels est impacté par le refroidissement permanent des serveurs, qui représente 60 à 70% de leur consommation électrique.
Dans une interview à Les Echos Planete, Serge Conesa, co-fondateur d’Immersion4, compare ce principe à « refroidir une pièce entière si l’on veut que son verre de champagne reste frais, au lieu de le mettre au frigo ».
Pour répondre à cette problématique, l’entreprise a développé sa technologie DTM (Dynamic Thermal Management). La solution se présente sous la forme de cuves permettant de refroidir les serveurs en les immergeant dans un bain d’huile : l’ICE Coolant. Lors d’une présentation au salon Viva Technology en mai 2019, Xavier Wybo, directeur commercial de l’entreprise, en détaillait le principe à L’Usine Nouvelle : « Il s’agit d’une nouvelle génération d'huile diélectrique 100 % synthétique […] Celle-ci circule grâce à un dispositif que nous avons spécialement développé, baptisé FlowHT et qui facilite la récupération calorifique ».
Le dispositif bénéficie d’un double avantage : il permet d’importantes économies d’énergie mais aussi une réduction significative de la taille des centres de données. « Nous avons développé une architecture qui permet l'intégration des centres de données à l'intérieur des villes afin de pouvoir collecter les données au plus près de leurs productions sans impacter les populations et lieux d'habitation environnants […] Rapprocher les centres de données des milieux urbains permet de réduire les temps de latence pour les consommateurs finaux, et de réutiliser la chaleur digitale dissipée », explique ainsi Serge Conesa.
Récompensée en 2019 du prix de l’innovation de l’UN International Telecommunications Union (ITU) Telecom World Awards, l’entreprise a remporté récemment le label Solar Impulse Efficient Solution, qui distingue les solutions durables participant à la protection de l’environnement. La technologie DTM a aujourd’hui convaincu de premiers clients d’envergure, tels que SNCF Réseau, HPE ou encore la ville de Las Vegas.
Au-delà du principe révolutionnaire de son produit, l’entreprise affiche de très fortes convictions en termes d’empreinte écologique et territoriale, s’appuyant sur 4 piliers : pas de consommation d’eau, pas d’émissions de CO2, pas de gaz à effets de serre et un fonctionnement basé sur l’éthique. La conception des produits repose avant tout sur les principes de l’économie circulaire, permettant la création d’emploi locaux et la réduction du bilan carbone des matériaux. L’entreprise prévoit ainsi la création à Annecy d’un site de fabrication pour « la production des premiers systèmes 100% Immersion4, dont tous les composants et matériaux sont collectés à moins de 100km ».
Un positionnement cher à Serge Conesa, qui n’hésite pas à faire le parallèle avec les enseignements de la crise sanitaire, dans une récente interview à CEO Magazine : « If we don’t continue to move forward towards a circular economy, based on human activity we will continue to generate particles allowing other COVID viruses to come creating our own demise ». Ce dernier oriente clairement son business model vers les enjeux de l’entreprise de demain en résumant : « Immersion4 has been designed to leave a better world ».
Publication rédigée en partenariat avec l'Institut Jane Goodall.